Le <<Mémorial historique et archéologique du Pas de Calais>> nous apprend que
<< St.-Martin
jeta les premières semences du christianisme à
Hénin vers l'an 360
--St.-Aubert
y fonda une église en 668.
--Détruite par les Normands en
881,
cette bourgade fut
rétablie par le comte Arnoul en 972.
--L'évêque
Gérard
l'érigea en paroisse en
1088, et fit rebâtir l'église.
--En
1040, Robert, avoué d'Arras, y fonda une abbaye
pour douze religieux, qui embrassèrent, en 1094, la
règle de,st-Augustin, et
entrèrent,
en 1123, dans la congrégation d'Arrouaise.
--La dotation de ce monastère fut
confirmée,
en 1129, par le diplôme de Raynold, archevêque de
Rheim.
--En 1169, l'abbé Ingebrand Transféra
cet établissement hors du bourg, sur un domaine que lui
accorda le sire
Baudouin, dit Brochet. >>
Henri Claverie nous raconte :
Henri Claverie écrit :
Louis DANCOISNE, en 1847, ignore si c'est à cette époque que fut reconstruite la partie la plus ancienne, ou bien si le portail est seul. Les nefs furent-elles rebâties au commencement du XII ème siècle : Louis DANCOISNE se pose la question. Il savait seulement que l'église eut à souffrir en 1296 et 1302 (<<En 1296, la garnison de Douai attaqua Hénin et s'en rendit maître après une vive résistance de Jacques Fresnoy, gouverneur français. La ville et l'abbaye furent en partie brûlées. Six ans après, en 1302, les Flamands rendirent le désastre complet. Hénin fut livré au pillage et à l'incendie, et ses murs détruits ne furent pas relevés.>>)
, puis en 1479 et en 1483, lorsque le milieu de l'église s'écroula : c'est alors que s'éleva la partie ogivale. La tour fut réédifiée à la fin du XVI ème siècle et le choeur reconstruit en 1785. Vers 1600, dans les gouaches de l'album du Duc de Croy, ainsi qu'en 1613 pour les dessins de Cantagallina, la reconstruction venait de s'achever.
En 1887, Claude ENLART, membre de l'Institut, avait photographié l'intérieur de l'ancienne église et recopié les archives qui disparurent pendant la première guerre mondiale. C'est ainsi qu'en 1926, C. ENLART a pu faire éditer par la Commission Départementale des Monuments Historiques, un petit fascicule de 33 pages sur l'église d'Hénin-Liétard, avec photos et reproductions de documents d'avant 1914.
Il écrit que l'église Saint-Martin d'Hénin-Liétard faisait partie du Diocèse d'Arras et qu'elle fut le siège d'un doyenné de l'archidiocèse d'Ostrevent, que l'Eglise pouvait se prévaloir d'une haute antiquité, car dès le XI ème siècle, le chroniqueur BAUDRI, lui consacrait une notice confirmant la date de la fondation de 1040.
Il affirme que l'art du XII ème siècle y était représenté par des modillons romans, ornés de têtes, de damiers en assez grand nombre dans la corniche du XIII ème siècle et que l'église d'HENIN-LIETARD était l'une des plus intéressantes de l'Artois. Elle avait le privilège rare de posséder des titres historiques : deux documents d'archives, conservés à la Mairie d'Hénin, racontaient sa curieuse restauration au XV ème siècle et la reconstruction de son clocher à la fin du XVI ème siècle.
Michel DESRUELLES nous résume son histoire :
En 1094, les chanoines de Saint-Martin embrasèrent la règle de Saint-Augustin et l'église devint abbatiale.
En 1169, les chanoines réguliers se transportèrent à un quart de lieue de la ville, dans une nouvelle abbaye placée sous le vocable de Notre-Dame, cette abbaye très connue devait disparaître sous la Révolution.
L'église de Saint-Martin devint dès 1169, la paroisse de la ville, qui se développait et bientôt après, elle fut reconstruite, mais la date précise de cette reconstruction fait défaut.
En 1302, les flamands incendièrent la ville. En 1594, le clocher menaçait ruine; il fut démoli, comme le rapporte une note marginale de la chronique conservée à Saint-Omer. Quatre ans plus tard, l'imposant clocher était achevé: la date de 1600 se lisait sur les ancres de fer forgé de son étage terminal.
De 1708 à 1712, la guerre ravagea encore la contrée et l'église dut gravement souffrir.
De la partie la plus ancienne de l'église, Charles FRANS écrit qu'il en restait le grand portail extérieur composé d'une arcade en plein cintre reposant sur deux colonnes monolithes en grès, au dessous de laquelle s'ouvrent deux autres arcades appuyées sur trois colonnes semblables aux premières. Ce portail double qui était le seul à subsister dans la région avait la particularité d'offrir des combinaisons de pierres de diverses couleurs en vue de produire un effet décoratif.
Au dessus de chacune des deux portes, des mâchicoulis permettaient de jeter sur les assaillants comme cela se faisait avant l'invention de nos armes à longue portée, de l'huile bouillante et des pierres.
Un héninois a sorti deux colonnes des décombres de l'église pour bâtir la façade de son immeuble (3b). Elles se situent rue Isidore Lernoud, à l'angle de la rue Victor Mathé.
La photo (3a), permet de déterminer que le chapiteau couvert de feuilles d'aristoloche (3c) est du même style que ceux qui coiffent les colonnes du grand portail ouest mais ceux de la photo (3d) sont plus larges que hauts contrairement à la photo (3c).
La comparaison entre la photo 3e et la photo 3f montre que les formes sont très proches. Cette colonne se trouvait au niveau de la corniche.
C. ENLART nous apprend que des chapiteaux à feuillages délicats du style du XIIIème siècle se trouvaient côté sud de la nef alors qu'au nord, ils dataient de la fin de ce dernier, voir à celui du début du XIVème siècle.
De chaque côté, près de la tour, les modifications architecturales sont visibles, les arcs boutant ont été renforcés, la construction de la tour a occulté en partie une fenêtre.
L'église Saint-Martin est une construction imposante aux styles variés par suite de ses multiples reconstructions. Elle mesurait 60 mètres de longueur sur 18,30 mètres de largeur, pour 18 mètres de hauteur intérieure et 44 mètres jusqu'au sommet de la tour.
Voyons maintenant comment les photographes ont immortalisé le monument depuis le début du 20ème siècle,
Ici, c'est la fête au village, les forains se sont installés sur la place au pied de l'église. De nombreux arbres et becs de gaz bordent la place. Le sol recouvert de terre et de pierres favorise la formation des flaques d'eau à la moindre pluie.
A gauche, une diligence ou un marchand ambulant semble attendre le client.
Autour de la place, les arbres ont maintenant disparu mais les becs de gaz sont restés, probablement pour gagner du terrain, dans le but de faire place aux commerçant du marché toujours en plus grand nombre.
Il y a foule devant l'église, les habitants ont mis leur chapeau et ont revêtu leurs "habits du dimanche", c'est probablement l'heure de la messe.
En ce début de siècle, l'église n'aurait pas échappé au vandalisme car ici deux carreaux sont absents (4f) et beaucoup d'autres semblent avoir été remplacés (4h).
Sur cette photo on peut observer la trace du carreau réparé près de la sacristie.
L'église inspire les photographes et chaque éditeur vend sa carte postale personnalisée de l'église d'Hénin-Liétard.
Cette carte, envoyée en Allemagne pendant la guerre 14-18 a subi la censure : le nom de Hénin-Liétard a été gratté volontairement pour être effacé.
Les enfants sont montés sur la grille qui entoure l'église comme s'ils voulaient être mieux vus par le photographe.
Sur cette photographie, on peut remarquer que les trottoirs, la route et le tour de la place sont pavés, une passante empreinte la route pour marcher, les pavés de la route devaient être moins chaotiques, le trafic y était visiblement moins dense.
Bien heureux, ces enfants qui pouvaient jouer sur la place sans danger !
Pendant la guerre la queue devant les magasins et le tableau
d'affichage devant l'église.
Les jours de marché ce grand vaisseau semble émerger des toiles de tente. Le marché qui se tenait place Jean Jaurès (petite place avant 1920), de plus en plus prospère, s'est développé sur la place Carnot (grand place avant 1895) après que l'ancien cimetière eut été transféré vers la rue de l'égalité en 1864.
L'église pouvait être aperçue de loin :
- Au nord, depuis la rue de l'abbaye à hauteur de l'actuelle piscine et de la Maison des jeunes.
- Au nord-ouest, depuis les terrains situés en bordure de la rue LOUBET et de la place WAGON. Le petit arbre a bien grandi depuis !
Vue sous le même angle pendant la guerre 1914-1918, avec au premier plan les traces de l'entrée d'un souterrain.
- A l'ouest, pendant la guerre 14-18, photographie prise depuis le terril de la rue de Rouvroy par un soldat allemand. Depuis la végétation a repris ses droits sous l'impulsion des différentes gestions communales.
- Au sud-ouest, Depuis la rue Pasteur.
- Au sud, vue de la place de la gare. Depuis beaucoup de maisons ont été construites.
- Au sud-est, pendant la guerre 14-18, depuis la piscine construite par les allemands, zone située entre les jardins du château et la sucrerie Gruyelle.
- A l'est, depuis le terril de la fosse Saint Henriette avec au loin l'ombre des premiers reliefs des monts d'Artois. A gauche, la fumée des usines envahit le reste de l'horizon.
Vue depuis le terril de la fosse 6 dite du Tonkin. à Gauche l'église Saint Martin, au fond les fosses 2-2bis Saint Henriette. Un peu plus à droite, sont visibles les deux cheminées de la sucrerie Gruyelle.