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Le triage se trouvait à proximité de la route nationale 43, route de LENS en prolongement du bâtiment de la fosse 6. C'est pour moi un lieu chargé d'émotions.

1) carte 

Les wagons étaient ensuite stockés sur un faisceau de voies ferrées qui se refermait pour se connecter à la voie unique qui conduisait à la gare d'Hénin. Le pont qui enjambait la ligne SNCF a lui aussi été démonté, au même titre que celui que l'on nommait le pont du Tonkin sur la RN 43.

Le pont qui passait au dessus de la voie SNCF comportait une passerelle pour les mineurs qui venaient de la cité Thibout vers la fosse 6 bis. 

J'ai emprunté ce passage dans les années 1974-78, nous étions légers mais nous n'étions pas fiers de marcher sur les vieilles planches de la passerelle qui se situait juste au dessus des caténaires. Les marches rouillées des escaliers étaient branlantes voir absentes à certains endroits provoquant l'émission de cris stridents des copines qui nous accompagnaient. C'était une aventure exaltante vers la friche de la fosse 6bis où coulait un petit ruisseau rempli de divers petits animaux dont les diptyques, notonectes, batraciens, daphnies qui évoluaient dans une végétation dense. A l'automne, les épeires diadèmes et fasciés tissaient leurs toiles, perlées dans la fraîcheur du matin. L'eau du ruisseau était issue du filtrage des boues du lavoir de DROCOURT déversées dans le terril de flou creusé dans l'ancien terril du 6 bis.  

Face au soleil, les pentes herbeuses du talus de la rampe présentaient un certain confort... pour observer tout cela. La sécheresse de l'été transformait ce lieu en théâtre lunaire où régnait une chaleur pesante. La boue accumulée dans les flaques se contractait et se craquelait comme de la faïence. Le vent soulevait des nuages de poussière de flou. "Mais où es-tu encore allé ?" me disait ma mère en voyant mes cols de chemises noirs de geai.

Lorsque le pont se mettait à vibrer c'est qu'un train attaquait la rampe à pleine puissance. La forte locomotive diesel orange des HBNPC, tractant son lourd fardeau, nous plongeait alors dans un nuage de fioul brûlé et faisait réagir le pont astreint à la charge. Au passage, le conducteur nous mettait un coup de trompe dans les oreilles, histoire de nous faire remarquer que notre présence n'était pas désirée. 

A cette époque nous parcourions ces lieux sans même savoir ce qui avait bien pu s'y passer. Une question est restée longtemps sans réponse, à savoir pourquoi y avait il ici une telle densité de voies ferrées ?. Le sujet des mines devait être tabou pour que personne n'en parle mais peu de personnes connaissaient ces lieux, mis à part les mineurs. 

De nos jours ce sont toujours des réactions de total étonnement qui se produisent face à ces photos.

La dernière fois que j'ai emprunté ce pauvre pont, vers l'an 2000, il avait été pillé des tôles métalliques de son tablier. Seule la partie entre les rails restait praticable. Les caténaires qui passaient sous le pont étaient visibles à portée de main. Le seul fait de penser qu'un enfant puisse toucher les câbles avec un bâton me faisait froid dans le dos. J'ai constaté peu de temps après que son accès avait été condamné. Puis, il a été complètement démonté. 

2) carte

Les wagons passent juste sous le triage pour être chargés. Pendant le chargement, la hauteur est limitée pour éviter de casser les morceaux de charbon et de provoquer des nuages de poussière très inflammable , il fallait les faire descendre avec le moins d'inertie possible. Par la suite des trémies hélicoïdales ont été mises en place dans certains triages pour accélérer le chargement tout en évitant ces inconvénients. 

3)
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Symbolique, cette carte est la première que j'ai achetée sur le marché à Le Mans (72) en 1995. C'est sans doute cet achat qui a réveillé mes interrogations passées sur le monde des mines si proche et si méconnu.

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Nous pouvons voir ici l'ensemble des wagons qui attendent leur départ vers le classement et la gare de triage.

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Sources Bibliographiques:

1) texte Patrick BOUQUET. 

Crédit photographique :

1) extrait carte IGN 1/25000 CARVIN n° 5-6. de 1958. Achat 2002, Collection Patrick BOUQUET.
2) extrait photo IGN référence  52915. Achat 2002,Collection Patrick BOUQUET.
3 et 5,6) collection Patrick BOUQUET.  
4) extrait d'un fascicule sur les mines de Dourges., merci à Monsieur André BEHAMOUDS, pour m'en avoir fourni la copie.

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