V

Le terril est la matérialisation physique restante du travail des hommes. Ils sont tout ce qu'il nous reste de cette époque charbonnière. 

Néanmoins, ils continuent à disparaître. Leur perte a été annoncée avec la mise en place des lavoirs qui permettaient de récupérer les vingt pour cent de charbon contenus dans les terres du terril, en grande partie à cause de la guerre 1939-1940 où les mineurs résistants envoyaient les berlines pleines de charbons au terril plutôt qu'à servir à l'ennemi. Ils n'ont pas tous survécus. 

Ensuite les grands travaux autoroutiers et du TGV ont nécessité beaucoup de terres de remblai. Pour les protéger, certains terrils ont été classés. Pas celui de la fosse Mulot.

Le terril de gauche est celui  issu du "fonçage" du puits et de l'exploitation d'avant-guerre. Un pont était établi au dessus de la rue de Rouvroy (voir la rue de Rouvroy) pour faire passer les berlines. Le pont a disparu, mais le talus est resté. Il ceinture encore une partie de la cour de l'usine actuelle BENALU. Le terril de droite correspond à trente années d'exploitation, des années 1920 à 1950.

Dans les années 1930 c'est un timide monticule qui va s'affirmer dans les années 1950.

Dans les années 1950, le terril de la fosse Mulot se dressait fièrement au dessus de la ville.

En 1967, commence la longue agonie de notre beau terril qui culminait à près de cent mètres de hauteur.

Pendant les travaux, les héninois se plaignent de la surcharge de circulation causée par les camions qui traversent la ville pour emmener les terres vers l'autoroute en construction. Ainsi deux cents à trois cent milles tonnes de terres seront déplacées vers ARRAS. 

Ma mère, lorsqu'elle voit l'état de sa cour, maudit ces travaux qui soulèvent une poussière considérable sur la ville et noircit tout sur son passage. En particulier lorsqu'une partie du terril s'effondre à force de tirer les terres à son pied. 

Ici des camion de dix tonnes font la queue pour être chargés. Ce sont quatre vingts camions qui vont se relayer pendant plusieurs semaines. Chaque camion est chargé en deux coups de godet. 

A cette époque, je me rappelle m'être déplacé avec mon père pour voir le ballet des camions et par la suite avoir voulu un camion benne et un tracto-pelle "DINKY TOYS" pour jouer. Ils trônent encore bien fatigués dans une vitrine. Nous pouvons ici reconnaître des camions Berliet Unic et Saviem

En 1975 et 1985

 

 Le sommet culminait encore à plus de 70 m de hauteur.

TESS et ses 4 pattes motrices bien utiles pour gravir la pente à 45 degrés.  Le seul accès possible à l'homme se faisait par l'ancienne rampe de la mise à terril sur laquelle étaient restées les traverses de la voie ferrée qui servait d'escalier.

Ce qu'il en reste aujourd'hui.

L'hiver colore les lieux en noir et blanc. Entre les arbres passaient jadis les berlines pleines de terres vidées sur le terril et sur lesquelles nous marchons. Une grande partie d'entre elles étaient issue de coups de pelles et de pioches manuelles! datant d'avant la mécanisation.

  

Le petit terril conserve des vestiges de la guerre. La plaque métallique supérieure se trouve chez un héninois que le père, artisan utilisait pour la construction des tonneaux et des roues de chariot.

Oui vous êtes bien au pied du terril, difficile à admettre, et pourtant ce lieu recèle de biens jolis endroits. 

Par rapport aux plans des tranchées allemandes de la guerre 1914-1918, c'est ici que devait démarrer un souterrain pour rejoindre le front.

Beau, mais dangereux, le curieux doit faire attention aux nombreuses pièces métalliques éparpillées au sol et à la grenaille des chasseurs en période de chasse qui se louent l'espace de promenade à la société propriétaire des terrains ! Vous êtes donc ainsi avertis. Ce lieu est tout à fait hostile aux enfants non accompagnés.