Le bulletin municipal de 1959 nous renseigne sur la sécurité publique.
Je cite, début de citation<<
La Sécurité Publique est
assurée à Hénin-Liétard
par un important Corps de Gardiens de la Paix (en tenue) et d'Officiers
de
Police (en civil).
Cette
phalange est placée sous les ordres du Commissaire Principal
DESIES.Chacun se plaît à
souligner à Hénin-Liétard la
courtoisie et l'efficacité du « Commissariat de
Police », qui s'occupe en outre de la délivrance
de cartes d'identité, de passeports et du
recensement des Etrangers.Les
parents d'élèves
sont unanimes à reconnaître
l'efficacité de la Brigade de circulation dont un
de ses agents se trouve à chaque sortie d'école. >>fin
de citation
Mon père, Gustave BOUQUET, sur la photo de groupe ci-dessous, se trouve au dernier rang, le troisième en partant de la droite. Il a embrassé la carrière de policier sur les conseils de son beau-père qui faisait partie de la "PP" Police Parisienne (et Musicien de cette unité).
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, militaire à Paris, affecté à la défence aérienne, à l'occasion de ses permissions, mon père sort dans les guinguettes de bord de Marne, à Proximité de chez sa tante où il est hébergé, en particulier au "Moulin Brulé" sur l'ile de Charentonneau...
...ma mère y fait ses premiers pas de danse accompagnée de la sienne... Mes parents ne se quitteront plus...
Le Grand-père le convainc donc d'entrer dans la "Police", la différence de salaire avec son travail au dépôt des machines à vapeurs aux mines de Dourges à Hénin-Liétard, d'avant guerre, est considérable. Il rejoint le commissariat de Berck Pendant la guerre, sans port pour les navires, il est chargé de contrôler les bateaux de pêcheurs qui échouent sur la plage. Ma mère, qui vit seule à Hénin-Liétard, 10, rue de Montigny (48, rue du 8 mai) va entreprendre des démarches au commissariat d'Hénin pour demander si un policier est volontaire pour échanger sa place avec son mari en poste à Berck. "Comme on dirait maintenant : ça Match"... et voilà mon père revenu dans sa ville, (mais pas natale, car sa mère en 1915 est réfugiée à Martre-Tolosane en ayant reçu le cadeau de départ à la guerre de son mari... et va accoucher à Toulouse, sa ville natale.)
Son père était artisan ferronnier d'art rue Voltaire près de la Chapelle, à Hénin-Liétard ; mon père était son apprenti... mais pour avoir la paix, et être payé pour son travail, il était parti travailler "aux mines"... néanmoins son père avait besoin de lui pour effectuer les soudures à "l'autogène" (suivant son expression)... Il prit donc l'habitude de travailler 8 heures de nuit au commissariat, 8 heures de jour chez son père, pour enfin dormir 8 heures à la maison. Sacrée constitution ! à tel point que mon frère René et moi lui avont soustrait son échelle car, à 85 ans, il montait encore sur le toit de la maison... il nous a quitté en 2010 à l'âge de 96 ans.
Mes
souvenirs marquants :
---A bord du car-police (Peugeot,) de retour de mission, souvent
à Béthune, Il est arrivé que mon
père s'arrête à la maison pour manger
le midi, alors, en début d'après-midi,
il me déposait en face de la rue Jean Jacques Rousseau pour
rejoindre l'école... une petite
fièreté de rouler dans le véhilcule de
police.
--- Mon père faisait la circulation en face du coq Lillois,
(intersection rues Pasteur/Jules Guesde) et me faisait traverser quand
j'arrivais pour aller à l'école...
--- Mai 1968, la menace était forte sur les familles de
policiers... Mon père est venu me chercher en classe, en
tenue... Je ne suis pas retourné à
l'école avant le mois de septembre.
--- Le soir, j'ai parfois accompagné mon père au
commissariat dans la cave, pour charger la
chaudière de coke, endroit lugubre entouré des anciennes
cellules de détention, il était proche
de la retraite...
--- Sérurier, et par son métier, connu de tous et
reconnu, on fait appel à lui à n'importe quelles
heures, même le week-end, même pendant les repas de
famille... Le treillis toujours prêt à faire feu,
propre et bien repassée mais pour l'agacement le plus total
de ma mère qui préférait qu'il reste
à la maison.
--- Pendant un temps, il est employé à la direction
à Arras pour ses qualités de ferronnier...
--- Tous les ans, il y avait l'arbre de noël et le bal de la
police, deux soirées que j'appréciais
particulièrement.
Le commissariat, a toujours pour moi été familier, avec une ambiance joyeuse dès que ses collègues voyaient mon père arriver...
Ci-dessous
la photo a été prise dans la cours de
l'ancien commissariat.
Des noms me restent en tête, Trouillasse,
Dézouane, Pruvot, Leroy...
Le 13 Février 1959 le bulletin municipal nous renseigne sur la la circulation en ville...
Pour une ville, la circulation est un problème-clé. Nous l'avons abordé. Des parkings ont été aménagés. Des panneaux de signalisation, de stationnement ont été posés. La police fait un gros effort, lec.; agents règlent la circulation aux carrefours dangereux et aux sorties des écoles. Leur aide est précieuse et leur tenue impeccable. Une commission de circulation va être créée. Elle étudiera tous les problèmes se posant dans ce domaine : stationnement, pose de panneaux, installation de feux tricolores, problèmes par-ticuliers aux différentes rues, etc...
Je ne m'étais jamais arrêté sur cette petite photographie de groupe du bulletin municipal de 1959, ci-dessous, mon père, Gustave BOUQUET, se trouve à la deuxième place en partant de la gauche. Le groupe se trouve devant la porte du commisariat, rue de la Gare.
Les grilles montées sur la porte d'entrée avaient été réalisées par mon grand-père, lorsqu'il a été demandé à mon père de construire et poser des grilles plus modernes, il les a démontées et les a stockées dans un coin de son garage, c'est lui même qui m'a dit les avoir récupérées comme souvenir du travail de son père. L'assemblage est très particulier, pas de soudure ni vis, toutes les pièces tiennent à l'aide de colliers métalliques posé à chaud.
Ces grilles sont restées à leur place, que j'ai toujours connue, jusqu'en 2012, où elles ont rejoint mon domicile en attendant de leur trouver une nouvelle destination.
Alors que ma maison est en rénovation, la cage d'escalier est en travaux, la nouvelle cage d'escalier est ouverte et dangeureuse, j'ai entrepris de les installer pour fermer le vide. Elles y sont toujours... En 2021, Il me reste à terminer ce lieu définitivement... Elles ont aujourd'hui assurément plus de 60 ans, probablement plus de 80... Elles honorent toujours le travail de mon grand-père qui a aussi construit toute la ferronnerie de l'église Saint-Martin.
En 1977
Je cite " Désobéir: Des policiers et des gendarmes sous l'occupation 1940-1944 De Limore Yagil)
début de citation <<
A Hénin-Liétard, un petit groupe de policiers, sous la double autorité de l'officier de paix Maurice Heems et sourtout du brigadier-chef Roger Marquilly, s'applique à saboter les enquêtes et à contrecarer les arrestations de résistants, de prisonniers évadés et de Juifs. ils sont membres de Libération-Nord et de la Voix du Nord, et participent à la libération de leur secteur.
>>Fin de citation.
Sur cette photographie notée à Hénin Liétard, au premier rang, les bras croisés en tenue plus claire, le troisième en partant de la droite s'appelle Maurice Heems... Quel est ce groupe en présence d'allemands ? prisonniers ? la photographie n'en dit pas plus.
A gauche, Maurice Heems.
A ce sujet pendant la guerre, mon père m'a raconté qu'il a reçu l'ordre d'aller arrêter diverses personnes dont des juifs habitant à Hénin-Liétard. La technique employée était d'envoyer une estafette pour prévenir celui qui faisait l'objet d'un ordre d'arrestation, pendant que la patrouille munie de l'ordre d'arrestation recevait l'ordre de faire "l'école buissonière" suivant les mots de mon père... ainsi, depuis le commissariat ru de la gare, il passait par le chemin du hallage (rue parmentier) et la rue Elie Gruyelle, pour aller à l'autre bout de la commune.
J'ai gardé la suite de cette histoire de côté car les histoires de guerres sont sensibles... et résitent au temps.
Ainsi, il a pu faire prévenir un voisin marchand de meuble : "STAM" Lubetzki, dépôt de la rue Loubet, pour ce qui allait lui arriver... par miracle il n'était plus là quand il s'est présenté à son domicile... juste après la guerre 39-45, mes parents décident d'acheter une salle à mangée, la première... Ils se rendent donc chez le voisin et client de mon grand-père pour faire leur achat. C'est alors que mes parents sont surpris d'apprendre qu'il vont bénéficier d'une réduction pour avoir contribué à lui avoir sauvé la vie... pause...
La vie de la salle à mangée :
A ma naissance, en 1960, cette salle à mangée a été remplacée. En 2010-2012 en vidant la maison, j'ai retrouvé la vieille table au grenier, le meuble m'a servi toute ma jeunesse pour ranger mes livres et poser mon aquarium dans mon bureau-buandrie... Il n'est plus... j'ai ramené chez moi les chaises qui se trouvaient dans les chambres de la maison et en fouillant les papiers, j'ai retrouvé la fameuse facture dont mon père ne se lassait pas de reconter l'histoire... fin de la pause...
La facture d'achat mentionnait une réduction de 2 %... Ce qui faisait dire à mon père qu'il aurait mieux valu qu'il ne dise rien plutôt que de se rendre ridicule !!! 2% pour une vie sauvée... mais le geste était là. Entre 2000 et 2010, je ai rencontré "Stam" en ville, j'ai parlé avec les gens qui l'accompagnait, malheureusement, faute de le pouvoir, je n'ai pas pu discuter avec lui de son départ précipité.
Les histoires de guerre, n'en restent pas à la génération qui l'a vécu... et ce secteur loubet rue du 8 mai, en est riche, j'ai rencontré une charmante demoiselle dans les années 1976... dès que ma mère l'a su, elle m'a dit "<<ne pas rentrer dans cette famille, sa grand-mère a dénoncé ton père pour marché noir !!!>> Mon père était militaire à Paris, il ramenait des bas sans couture à ma mère. La jalousie a pousser La grand-mère de mon amie à prévenir la gestapo. Bien avant cela, il m'était interdit de jouer avec les enfants de cette famille sans que je sache pourquoi...
Avoir un père policier n'est pas sans conséquences... en mai 1968, mon père est venu me chercher en tenue à l'école Jean Jacques Rousseau, ils avaient reçu l'ordre de retirer les enfants de policiers des écoles de peur de représailles... je n'y suis pas retourné avant septembre...
Quand une personne devenue proche de moi par alliance a découvert, en 2010 à la cérémonie funèbre de mon père, qu'il avait été pendant la guerre, policier à Hénin-Liétard, il n'a plus voulu que je rentre chez lui sous prétexte que son père était parti aux travaux forcés suite à son arrestation par la police. Mineurs de fond, les résistants vidaient les berlines de terre dans les wagons allemands et les berlines de charbon sur le terril. La nuit ils se rendaient sur le terril pour récupérer le charbon pour se chauffer... et cela a été découvert... et certains amis de son père ont été fusillés dans les douves des remparts de la ville d'ARRAS.
Avoir un père policier, c'est aussi être confronté à la haine des gens et quand il s'agit d'un professeur (j'ai encore son mon en tête) ouvertement déclaré communiste, qui ne se cache pas de sa haine pour la police en 1968... C'est par force de toujours avoir la même note en physique : "6" quelque soit le travail accompli, même en recopiant le devoir d'un redoublant "communiste" lui aussi, qui avait toujours de très bonnes notes... et avoir pour explication que je n'avais pas souligné les titres !!!!!!!
J'ai eu mon BAC "E", le redoublant non !!! CQFD car je travaillais, la différence était juste le correcteur!!! mais mon souhait d'école d'ingénieur m'était fermé.